La maladie d'Alzheimer : causes, symptômes et traitements
La maladie d'Alzheimer est l'une des maladies neurodégénératives les plus connues et redoutées, affectant des millions de personnes dans le monde. En France, elle touche probablement plus d'un million de personnes directement (et au moins autant de proches-aidants) et constitue une des principales causes de “démence” chez les personnes âgées. Ce premier article vise à présenter dans le grandes lignes cette pathologie complexe, ses symptômes, ses causes, ainsi que les avancées récentes dans la recherche et les soins.
Qu'est-ce que la maladie d'Alzheimer ?
La maladie d'Alzheimer est une affection progressive du cerveau qui se caractérise par une détérioration des fonctions cognitives, notamment la mémoire, la pensée et le comportement. Elle survient principalement chez des personnes de plus de 65 ans, bien qu'une forme précoce puisse se manifester avant, parfois dès l’âge de 20 ans. (https://www.lepoint.fr/sante/a-19-ans-il-est-le-plus-jeune-patient-atteint-de-la-maladie-d-alzheimer-03-03-2024-2554110_40.php)
Du point de vue médical, la recherche a démontré que cette maladie se caractérise par l'accumulation de deux protéines anormales dans le cerveau :
La bêta-amyloïde, qui forme des plaques entre les neurones.
La protéine tau, qui s'accumule sous forme d'enchevêtrements à l'intérieur des cellules nerveuses.
Ces phénomènes perturbent le fonctionnement des neurones et entraînent leur destruction progressive.
Les principaux symptômes
La maladie d'Alzheimer se développe progressivement et passe par plusieurs stades. Les premiers signes peuvent être subtils, ce qui complique souvent le diagnostic précoce.
Symptômes précoces
Oublis répétés (mémoire à court terme).
Difficultés à trouver les mots.
Perte d'objets.
Désorientation dans le temps et l'espace.
Symptômes avancés
Difficultés accrues à effectuer des tâches quotidiennes (par exemple, préparer un repas).
Troubles du langage et du raisonnement.
Changements de personnalité (anxiété, irritabilité, apathie).
Symptômes sévères
Perte d'autonomie totale.
Incapacité à communiquer.
Troubles moteurs et physiques (difficultés à marcher, avaler, etc.).
Les stades de la maladie
La progression de la maladie d'Alzheimer est souvent divisée en trois stades principaux :
Stade léger (précoce)
Difficultés mineures à se souvenir d'informations récentes.
Troubles de l'organisation et de la planification.
Perte d'objets fréquente.
Changements subtils de l'humeur ou du comportement. Les patients sont encore autonomes mais commencent à ressentir une gêne dans leur vie quotidienne.
Stade modéré (intermédiaire)
Oublis plus fréquents et impact significatif sur la vie quotidienne.
Difficultés à effectuer des tâches complexes, comme gérer ses finances ou voyager seul.
Confusion accrue sur les lieux, le temps ou les relations.
Changements marqués de personnalité et de comportement, tels que l'irritabilité, la suspicion ou l'agitation.
Besoin d'une assistance pour certaines activités de la vie quotidienne.
Stade sévère (avancé)
Perte de la capacité à effectuer les activités de base (manger, s'habiller, se laver).
Difficultés à parler ou à comprendre le langage.
Perte de la reconnaissance des proches.
Troubles physiques tels que des problèmes de mobilité ou de déglutition.
Une assistance permanente est nécessaire.
Les causes et facteurs de risque
Les causes précises de la maladie d'Alzheimer restent mal comprises, mais plusieurs facteurs de risque ont été identifiés :
L'âge : C'est le principal facteur de risque. La probabilité double tous les cinq ans après 65 ans.
Les antécédents familiaux : Une prédisposition génétique peut jouer un rôle, notamment en présence de mutations sur certains gènes (comme le gène APOE4). Néanmoins, il ne faut pas comprendre ici que la maladie d’Alzheimer serait génétique. La présence du gène APOE4 n’est pas synonyme d’Alzheimer, mais peut indiquer une prédisposition. Par ailleurs, 99% des cas de la maladie d’Alzheimer sont dits “sporadiques” touchant des personnes ne possédant pas le gène APOE4.
Facteurs cardiovasculaires : Hypertension, diabète, obésité et cholestérol élevé augmentent le risque. Le cholestérol cérébral en particulier, est aujourd’hui une des pistes explorées par la recherche (en lien avec le gène APOE4).
Mode de vie : Une activité physique insuffisante, une mauvaise alimentation ou un faible niveau de stimulation cognitive peuvent être des facteurs aggravants.
Le diagnostic
Le diagnostic de la maladie d'Alzheimer repose sur une combinaison de méthodes :
Entretien médical et tests neuropsychologiques pour évaluer les troubles cognitifs. Le test le plus utilisé est le test M.M.S.E (Mini Mental State Examination) mais il ne peut suffire seul à poser un diagnostic précis.
Examens d'imagerie comme l'IRM ou le PET scan, pour observer les modifications dans le cerveau.
Biomarqueurs : Des analyses du liquide céphalo-rachidien permettent de détecter les protéines anormales. Il s’agit de la ponction lombaire qui vient normalement confirmer ou infirmer une suspicion d’Alzheimer suite aux examens précédemment mentionnés.
Un diagnostic précoce est essentiel pour mettre en place des stratégies de prise en charge adaptées. La stratégie la plus efficace étant de ralentir la progression des symptômes afin d’allonger au maximum la durée du stade léger, celui qui a le moins d’impact sur la qualité de vie du patient.
Traitements et prise en charge
Il n'existe pas encore de traitement curatif pour la maladie d'Alzheimer. Cependant, plusieurs approches peuvent ralentir la progression de la maladie ou améliorer la qualité de vie des patients :
Traitements médicamenteux
Inhibiteurs de la cholinestérase (donepezil, rivastigmine) pour stimuler la communication entre les neurones.
Antagonistes des récepteurs NMDA (mémantine) pour réguler l'activité du glutamate.
Enfin, un nouveau médicament prometteur, la molécule nommée lecanemab (nom commercial : Leqembi), a récemment été approuvé pour ralentir la progression de la maladie d'Alzheimer. Après avoir été interdit en Europe dans un premier temps (été 2024), il vient d’être approuvé dans le cadre du traitement de la maladie d’Alzheimer à des stades légers. Nous ferons un article dédié à cette avancée très prochainement.
Approches non médicamenteuses
Les approches non médicamenteuses jouent un rôle crucial dans la prise en charge globale des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Ces stratégies permettent d'améliorer la qualité de vie et de ralentir la perte d'autonomie. Voici les principales interventions :
Stimulation cognitive :
La communauté médicale s’accorde à dire qu’il s’agit de l’approche la plus efficace à date, en l’absence de traitement médicamenteux curatif, pour ralentir la progression des symptômes.
Conserver une socialisation aussi forte que possible, continuer à communiquer, rencontrer des personnes, discuter, débattre si on le souhaite…
Des activités adaptées visant à stimuler la mémoire, le raisonnement et le langage (exercices de mémoire, jeux de mots, puzzles, jeux de société… en fonction de l’appétence de chacun).
Participer à des ateliers de groupe pour favoriser les interactions sociales tout en sollicitant les fonctions cognitives.
A souligner : la stimulation cognitive doit mettre l’accent sur l’expression et pas uniquement sur la compréhension. Parler, écrire, chanter, dessiner auront a priori des effets plus bénéfiques que la simple écoute de conversations sans y participer.
Activité physique :
La pratique régulière d'une activité physique améliore la circulation sanguine cérébrale, réduit le stress et maintient la mobilité. La marche, la danse, le yoga sont particulièrement indiqués ; mais si la condition physique le permet, la randonnée, le running, le tennis ou tout autre sport le sont tout autant. Il est recommandé de prendre conseil auprès de son médecin traitant avant de commencer une nouvelle activité physique, ou d’en augmenter la fréquence et/ou l’intensité de la pratique.
Des programmes personnalisés peuvent être conçus pour chaque patient.
Thérapie par la musique et l'art :
La musicothérapie peut réveiller des souvenirs, réduire l'anxiété et améliorer l'humeur.
L'art-thérapie stimule la créativité et offre une forme d'expression non verbale.
Adaptation de l'environnement :
Réduire les distractions visuelles ou sonores pour faciliter la concentration.
Aménager le domicile pour limiter les risques de chutes et renforcer les repères (exemple : étiquettes sur les tiroirs, horloge bien visible).
Soutien émotionnel et psychologique :
Proposer des groupes de parole pour aider les patients à partager leurs expériences et émotions.
Accompagner les aidants familiaux en leur offrant des outils et des conseils pour gérer les situations difficiles.
Techniques de relaxation :
Pratiques comme la méditation, la respiration guidée ou le massage pour réduire l'anxiété et améliorer le bien-être général.
Ces approches, combinées aux traitements médicamenteux, permettent d'offrir une prise en charge plus holistique et adaptée aux besoins individuels des patients. La stratégie actuelle est de ralentir autant que possible la progression de la maladie à travers notamment une stimulation cognitive quotidienne.
C’est au sein de cette approche globale que nous souhaitons apporter notre pierre à l’édifice avec le projet Eve-Aide, dans l’attente de la découverte d’un traitement curatif. Nous soutenons pour cela la fondation Vaincre Alzheimer (https://www.vaincrealzheimer.org/) qui participe à financer la recherche médicale et contribue chaque jour à nous rapprocher un peu plus de la découverte d’un traitement.